Soutien à la Palestine : une répression inédite 

Dès le lendemain du 7 octobre, le gouvernement français s’est évertué à faire taire toute trace de soutien à la cause palestinienne. Il a fallu la détermination de milliers de personnes partout en France pour en finir avec l’interdiction de manifester. Ce n’était pas la première fois que le gouvernement macroniste bafouait ce droit, rappelons-nous les grévistes réquisitionnés et les manifestations interdites à l’époque de la réforme des retraites. Et pour ce qui est de la Palestine, les manifestants ont de nouveau été criminalisés.

Des rassemblements dans toute la France ont eu lieu en soutien à Israël suite à l’attaque armée de la résistance palestinienne en octobre.

 (À Paris, on comptait des membres du PS comme Olivier Faure mais aussi Éric Zemmour et d’autres figures d’extrême-droite dans les rassemblements pro-Israël). 

Pourtant, peu importe l’époque, c’est bien chez la population palestinienne que le conflit fait le plus de morts. De 2008 à 2023, on en dénombre 6 180 contre 399 pour les Israéliens. L’année la plus meurtrière côté israélien a fait 25 fois moins de morts que du côté palestinien.

Mais c’est bien les rassemblements en soutien au peuple palestinien qui ont été interdits cet automne en France. Dans les arrêtés qui les censuraient, on dit de ces manifestations qu’elles seraient « possible génératrices de troubles importants à l’ordre public ». À Saint-Étienne pourtant, comme toujours pour les rassemblements en soutien à la Palestine, aucun heurt n’a eu lieu. Une seule personne a été exclue, car elle portait un t-shirt à la gloire d’Alain Soral, antisémite notoire. 

Le conseil d’État s’est rapidement opposé à l’interdiction systématique des rassemblements par Darmanin, déclarant qu’« aucune interdiction ne peut être fondée […] sur le seul fait que la manifestation vise à soutenir la population palestinienne ».

Mais aujourd’hui, la parole des figures les plus importantes de la cause palestinienne continuent d’être bâillonnés en France. Dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les communiqués de presse… Un seul résumé est audible : « Israël a le droit de se défendre ; soutien inconditionnel à Israël » ! 

Si ce récit commence à se craqueler, au fur et à mesure que des preuves irréfutables démontrent le processus génocidaire en cours, cela n’empêche pas les pouvoirs publics  d’interdire la parole aux anti-sionistes. Au cours des derniers mois, les autorités ont fait interdire des conférences de figures telles que Pierre Stambul, président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), de la penseuse féministe Judith Butler. Enfin, le dernier exemple en date a eu lieu à Lille pour Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, avec à la clé, la convocation de cette dernière par le parquet anti-terroriste, mais aussi celle de la députée FI Mathilde Panot, pour « apologie du terrorisme ».

Cette répression judiciaire n’est pas nouvelle. Le 9 novembre déjà, Mariam Abu Daqqa, militante palestinienne de 72 ans, est arrêtée alors qu’elle se rendait à Toulouse pour donner une conférence, et expulsée quelques semaines plus tard. Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’UD CGT du Nord, a par ailleurs écopé d’un an de prison avec sursis pour un tract produit par son UD. 

Amnesty internationale a communiqué ce mardi sur cette méthode, l’accusant de violer la liberté d’expression. L’ONG demande même la suppression du motif d’ « apologie du terrorisme », celui-ci étant trop large et étant « trop souvent utilisé pour réduire au silence les expressions pacifiques de solidarités avec les Palestiniens et Palestiniennes. »

À l’inverse, peu importe les dérapages antisémites précédents, si l’on défend l’idéologie sioniste, on est écouté et soutenu. Meyer Habib, député apparenté LR, disait « le RN est rentré dans le camp républicain » suite aux déclarations du parti – dont l’antisémitisme des élus et adhérents paraît pourtant criant – qui a condamné les attaques du Hamas.

Il est évident aujourd’hui que pour le gouvernement, toutes les voix en faveur de la Palestine doivent être silenciées. En particulier si elles émanent d’organisations progressistes. Toutes celles et ceux qui s’opposent aujourd’hui au génocide et cherchent une paix durable et juste sont diabolisés. Pour le pouvoir bourgeois, l’occasion est trop belle de marginaliser tous ceux qui luttent pour la justice sociale. 

Nous devons serrer les rangs face à ces attaques, et redoubler nos efforts dans le combat pour la liberté du peuple palestinien et de ses militant.e.s, au premier rang desquels Georges Ibrahim Abdallah, le plus vieux prisonnier politique d’Europe.

Laisser un commentaire