Mort de Robert Badinter : continuons la lutte pour abolir la peine de mort

Ce 9 février 2024, Badinter est mort à l’âge de 95 ans. Si nous pouvons le critiquer pour ses positions social-démocrate sur un certain nombre de sujet, nous devons saluer la mémoire d’un homme qui a largement participé à la lutte pour l’abolition de la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité.

En tant que marxistes, nous devons nous opposer à la peine de mort comme nos prédécesseurs l’avaient fait avant nous. À propos de la peine de mort, Marx écrit dans un article pour le New York Times publié en 1853 : «  La punition a été défendu comme un moyen d’améliorer ou d’intimider. […] Mais l’histoire et les statistiques démontrent que depuis Caïn, le monde n’a ni été améliorer ni intimider par la punition, bien au contraire. […] Quel genre de société est une société qui ne connaît pas d’autres instruments pour sa protection que le bourreau, et qui proclame […] sa propre brutalité comme une loi éternelle ? » [traduit de l’anglais, n.d.l.r]
Pendant la commune de Paris, le 6 avril 1871, les fédérés faisaient démonter et brûler une guillotine, symbole de la répression des travailleurs en lutte ( cf. image en couverture ).
 Plus tard, en pleine révolution allemande, Rosa Luxemburg exige l’abolition de la peine de mort. Dans un article paru le 18 novembre dans Die Rote Fahne,elle le décrit comme « un devoir d’honneur ».
En 1981, les 44 députés du groupe communiste avaient voté en faveur de l’abolition de la peine de mort.

Aujourd’hui la peine de mort est encore pratiquée dans 110 pays, dont certains pays socialistes comme Cuba, ou à la dernière exécution a eu lieu en 2003. L’abolition de cette peine ne semble pas avancer, bien au contraire : le même jour que la mort de Badinter, le parlement irakien débattait d’une loi établissant la peine de mort pour les relations homosexuelles. L’homosexualité est passable de mort dans 12 pays.
Le 23 janvier dernier, l’état de l’Arizona rétablissait la peine de mort par inhalation de gaz toxique, avec l’exécution de Kenneth Eugene Smith. Dans la plupart de ces pays capitalistes, c’est une justice de classe et une justice raciste qui s’applique : ce sont les prolétaires, et notamment les prolétaires racisés qui sont les plus susceptibles d’être condamnés à la peine la plus cruelle.

En France, les partisans du retour de la peine de mort continuent de se renforcer. Si Marine Le Pen et son parti maintiennent le flou sur le sujet, le fasciste Eric Zemmour ne cache pas y être favorable.

Mais la peine de mort a-t-elle réellement cessé d’être appliquée en France ? Si Robert Badinter l’a abolie dans la loi, dans la réalité, les représentants de cette même loi continuent d’y avoir recours. Zyed et Bouna, Adama Traoré, Rémi Fraisse, et très récemment Nahel, autant d’exemples ou la police s’est faite juge et a appliqué une sentence irrévocable. Ces exécutions extra-judiciaire s’inscrivent dans un contexte de classisme et de racisme inhérentes à la police. Elles ne semblent pas devoir être punies, puisqu’en France en 2023, on peut devenir millionnaire après avoir tué un adolescent, à condition d’être policier.

À ces morts, il faut ajouter ceux que la prison tue, par ces mauvaises conditions et ces mauvais traitements. En 2022, dans le quartier de semi-liberté de la Talaudière, Mehdi Berroukech, 25 ans, mourrait sous les coups de son co-détenu, alors qu’il avait demandé plusieurs fois à être changé de cellule.

Les militants communistes doivent continuer de militer pour l’abolition de la peine de mort, y compris celle appliquée au travers de l’institution carcérale ou de l’appareil policier.

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