Le train, un transport écologique abandonné par l’Etat

Le 6 novembre 1987 à Amiens, Lucien Barbier, métalo, ancien FTP, militant CGT et PCF, meurt sous les coups de la police à 61 ans.

Ce crime a lieu en marge d’une manifestation organisé par le PCF local, pour demander le passage du TGV Paris-Lille par la préfecture de la Somme. Au final, le gouvernement de l’époque optera pour contourner la ville afin de faire gagner cinq minutes de trajet, privant Amiens d’un accès direct au lignes de grandes vitesses.

Cette question du train n’était pas du tout anodine à l’époque. La Picardie commençait à subir la désindustrialisation, les usines amiénoises et des alentours dégrossaient, voir fermaient. Être relié au TGV, c’était être relié aux nouveaux grands flux économiques et sauver l’emploi.

Aujourd’hui, cette question est encore moins anodine : l’accès aux transports publics est devenu un enjeu écologique, en plus d’un enjeu économique.  Le train reste un des modes de transport les moins polluants. Il produit 3,37 g d’équivalents CO2 pour transporter un passager sur un km, contre 104 g pour une voiture avec 1,5 passagers et 285 g pour un avion avec 88 passagers.

Tout au long du 20e siècle, le réseau ferroviaire français n’a cessé de se réduire, passant de 42 000 km de long à son apogée en 1938 à 40 000 aujourd’hui. Ce sont principalement les petites lignes régionales qui ont été touchées, laissant la voiture comme seul mode de déplacement pour les habitants de ces espaces ruraux et périurbains. On l’a vu au début de la révolte des Gilets Jaunes, la voiture est devenue indispensable pour tout une partie de la population. On ne pourra pas opérer de transition  écologique sans réinvestir massivement dans les transports en communs.

Notre département a vu émerger la première ligne de chemin de fer du continent, reliant Saint-Etienne à Andrézieux-Bouthéon. Et pourtant nous ne  sommes pas épargnés par les fermetures de ligne. Depuis 2016, les trains ne circulent plus entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, remplacés par des bus, délaissant les gares de Sury-le-Comtal, Saint-Romain-le-Puy et Andrézieux. En cause, le mauvais état de la ligne entre Thiers et Boën. Aucun calendrier de travaux n’a été annoncé. Désormais, pour relier les deux préfectures, il faut passer par Roanne, voir par Lyon.

Le Fret public SNCF est lui aussi menacé et pourrait être totalement démantelé, suite à une procédure de la Commission européenne contre l’Etat française, relative au soutien dont a bénéficié Fret SNCF  de 2007 à 2019. Une absurdité, alors qu’il faudrait au contraire renforcer cet outil indispensable dans la lutte contre l’émission de gaz à effet de serre.

Dans le même temps, les pouvoirs publics financent des projets routiers faisant la part belle au transport par camion, en détruisant au passage des terres agricoles et des réserves naturelles, comme l’A69 ou, plus proche de nous, le doublement de la RN88.

Si nous voulons réellement diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, il faut inverser la logique libérale qui s’impose dans le domaine des transports. De lourds investissements doivent être réalisés pour relancer le rail, non pas dans une logique de profit, mais dans une logique de service public, pour proposer une réelle alternative à la voiture là où celle-ci est devenue inévitable. Il faut même tendre vers la gratuité des transports publics pour les rendre accessible à tous, comme le demande l’USR CGT 13 pour les trains régionaux. Mais la réalisation de ce programme ne pourra se réaliser qu’en changeant radicalement de modèle économique.

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