À l’occasion du jour de la terre, journée de commémoration pour les Palestiniens, nous republions un texte écrit pour le numéro spécial Palestine de notre journal, la Benzine, sorti en décembre dernier. Nous revenons sur le sionisme et sur ce qui fait de cette idéologie un projet colonialiste.
Le sionisme est une idéologie qui apparaît au XIXeme siècle mais se développe surtout à la fin du XIXeme siècle notamment avec les théories développées par Theodor Herzl. Elle a pour objectif la création d’un État Juif dans le monde. L’antisémitisme omniprésent des sociétés européennes de l’époque est des raisons du développement de cette idée (affaire Dreyfus en France, pogroms dans l’empire russe, …). Mais dès son origine, elle prend exemple sur les projets coloniaux et racistes des puissances Européennes..
Les sionistes choisissent en plusieurs étapes la Palestine comme base territoriale pour leur futur État d’Israël. En effet, celle-ci possède a la fois une signification religieuse et historique profonde (Jérusalem, anciens royaumes Juifs durant l’Antiquité, …) mais aussi c’est une terre qui a toujours été sous une domination coloniale (Empire ottoman, empire britannique, …). Les sionistes prétendent dès le début que la Palestine est une « terre sans peuple pour un peuple sans terre », niant la présence des Palestiniens.
Les premiers alliés du sionisme sont les antisémites, qui considéraient que la création d’un Etat juif permettrait le départ des Juifs d’Europe vers la Palestine.
Cependant, le sionisme est loin de faire ne fait pas l’unanimité dans le monde juif. En effet, les juifs socialistes et communistes s’opposent fermement au sionisme, préférant une libération des juifs en Europe plutôt que la création d’un Etat juif. Les juifs orthodoxes s’opposent aussi au sionisme sur des bases religieuses. Pour eux, le retour vers la terre promise ne doit se faire qu’après l’arrivée du Messie.
Mais l’horreur de la Shoah, pendant laquelle 5 millions de juifs européens seront tués par le régime nazi, poussera de nombreux juifs à vouloir quitter le continent et à rejoindre le projet sioniste.
L’unification de la communauté juive est également un des objectif du sionisme. Celle ci n’ayant ni terre ni langue commune ( l’hébreu étant limité à un rôle rituel depuis plus de 2000 ans ) se retrouve désunie. La recherche d’un ennemi commun permettrait de souder les juifs présents en terre palestinienne. Cet ennemi va donc devenir les palestiniens déjà présents sur place, leur présence empêchant la constitution d’un Etat uniquement juif. Les responsables politiques israéliens vont donc vouloir procéder à un nettoyage ethnique sur les terres convoitées par les sionistes. Le premier a lieu dès la création de l’Etat d’Israël en 1948. Ces premiers massacres entraînent une vagues de départs des palestiniens de leur terre connu sous le nom de la « Nakba » (catastrophe en arabe). Le sionisme va aussi entraîner une différence de traitement entre les juifs et les minorités ethniques présentes en Israël. Il va aussi artificiellement uniformiser les pratiques linguistiques des juifs, en faisant de l’hébreu moderne la langue officielle, alors que l’hébreu n’était plus utilisé que dans un cadre religieux depuis plus de 2000 ans, et qu’au quotidien les communautés juives pratiquaient une multitude de langue.
A l’heure où nous parlons, le sionisme est toujours l’idéologie du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou. La colonisation de territoire palestinien continue a un rythme toujours plus important et soutenu constamment par l’armée israélienne.
Les brimades, vexations et violence a l’égard des minorités ethniques et religieuses ont atteint aussi un niveau alarmant ces derniers mois sans qu’aucune réponse du gouvernement ne tentent d’y mettre un terme.
Enfin, l’état d’apartheid se maintient a l’égard des palestiniens présents en Israël. Ils n’ont pas les mêmes droits que les israéliens, ne dépendent pas de la même justice, ect…
De plus, depuis quelques années la moindre critique de la politique israélienne ou du sionisme est désormais taxée d’antisémitisme et empêche toute critique de pouvoir être élaborée.
Le sionisme s’est donc développé au XIXe siècle comme mouvement colonialiste et nationaliste et il poursuit son œuvre aujourd’hui avec les mêmes objectifs et les mêmes méthodes que dans la deuxième moitié du XXe siècle : nettoyage ethnique et exclusion des palestiniens pour créer un état exclusivement juif.